Micromondes et confinement – 2020

Dans les jours qui ont suivi le 17 mars, je me suis prise au jeu d’effectuer des prises de vues à petite échelle. Durant le confinement, tous les jours se ressemblent ; seule la nuit les ponctue. Alors, comment agir de façon locale avec les moyens du bord ? Comment agir par le sensible pour agrandir mon lieu de vie dans lequel je vais devoir m’isoler ? Comment se renouveler chaque jour sans exception ou comment rester sans cesse surprise ? 

Changer d’échelle m’est apparu la solution pour penser le confinement et le déroulement du temps différemment. En retrouvant une dizaine de figurines de 6 à 8 mm de haut, mon sujet s’est peu à peu orientée sur la mise en scène de personnages dans les interstices du banal. C’est en parcourant mon environnement proche, en utilisant des fragments du réel, mais aussi les éléments naturels que la scène se constitue. C’est le plaisir de rester surprise par le potentiel des micro-mondes, en me projetant à une autre échelle dans chaque recoin, en restant à l’affut, en éveil permanent qui a définit le protocole pour la succession des jours confinés. C’est donc en général la trouvaille ou l’évènement du moment qui fait projet et non l’inverse. Tout nouvel élément collecté devient habitat, refuge, paysage… un échappatoire où souvent la nature prend part. La présence humaine est ramenée à la taille du cloporte, à ses conditions de suivie. Ces images associent à la fois une forme de déconnexion ou bien évolue dans une nécessité de faire écho à l’actualité mais tout en témoignant de la particularité de la journée. Au fil des expériences, la technique s’est enrichie tout en préservant la fragilité du dispositif qui génère l’improbable.

Je propose ces images lumineuses comme une manifestation d’un monde qui s’agrandit, l’irruption d’un ailleurs au moment où nous sommes le plus contraint. Se projeter dans ces micro-mondes est une invitation à percevoir son lieu de vie différemment, à rêver avec minutie d’un monde à ré-inventer. Ces photographies reviennent jour après jour comme un acte de résistance poétique simple et ludique, une incitation à la création de liens et au décloisonnement.
Indépendamment de la continuité de ma pratique artistique, les « micro-mondes » sont une des répliques que j’ai trouvée par un engagement esthétique c’est-à-dire qui engage pleinement l’éveil de ma sensibilité dans la poésie de l’ordinaire marqué par la contrainte du confinement. Les personnages des Micromondes sont maintenant confinés dans une soixantaine de boîtes lumineuses 

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Boîtes de bois carbonisées et teintées 10x10x5cm
Plaques de verre, filtres diffuseurs, adhésifs colorés, toile noire autocollante
Petit circuit électronique, LED + pile 9V+ interrupteur
Diapositive 6x6cm
Installation dans des caissons : 8 boîtes lumineuses /caisson.

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Remerciements :

– à Dominique Bouchet pour ses conseils et sa transmission pour la conception du circuit lumineux des boîtes.
– à Sylvie.Courrège pour les tirages A4 mats jet d’encre parfaits nécessaires pour refaire les prises de vues en diapositives…
– à Franck Munster pour les re-prises de vues des tirages et le développement si minutieux des diapositives 6x6cm.
– à Valerie Coraini pour son invitation à cette exposition collective donnant à voir les travaux produits durant le confinement.

Cette série donne lieu :
– à une exposition collective organisée par La Vitrine après le confinement.
– à projet à distance respectant le confinement auprès des enfants et familles du quartier du Grand Parc à Bordeaux dans le cadre de ma résidence de création « Nos vies sont des westerns » organisée par MC2A à l’Annexe B.